C’est un râle douloureux qui s’échappe d’une cagoule blanche, une silhouette enveloppée de noir se mouvant au rythme d’un boitillement. C’est un visage, difforme, une tête lourde de ses multiples protubérances, aux lèvres déformées, qui lui valurent le cruel surnom d’homme-éléphant. Il faut sept heures quotidiennes de maquillage pour que John Hurt puisse prendre les traits de John Merrick, Joseph de son vrai nom, qui vécut dans l’Angleterre victorienne du XIXe siècle. Derrière ce masque, modelé sur le plâtre du véritable Merrick, l’immense acteur britannique véhicule toute l’humanité de celui qu’on regardait comme un monstre, et que David Lynch sublime dans ce mélodrame poignant qu’est Elephant Man.
Elsa Colombani, La Cinémathèque française